La méfiance vis à vis des vaccins s'est accrue depuis l'hiver 2009, en raison de la polémique irraisonnée sur le virus A H1N1 de la grippe. On a, prétextant de nouvelles possibilités diagnostiques de la tuberculose -mais en réalité onéreuses et non remboursées- mis un terme à la vaccination obligatoire par le BCG, or cette maladie transmissible toujours présente et active. La coqueluche, maladie potentiellement mortelle chez le petit nourrisson connait depuis 20 ans une embellie et une progression constantes; la rougeole quant à elle, maladie respiratoire costaude, mais parfois neurologique alors grave, est de nouveau très présente...Bref, y a -t-il danger chez un allergique à se faire vacciner et peut on se contenter de la seule protection que procure la vaccination des autres (limitant de ce fait les épidémies)? En 1921, après 13 années de travail, Calmette et Guérin de l’Institut Pasteur de Paris préconisent que l’on vaccine les enfants contre la tuberculose, maladie terrible à l’époque où on ne disposait pas d’antibiotiques anti-tuberculeux et qui tuait beaucoup plus que le SIDA aujourd’hui. Ce vaccin inoculé autrefois par voie orale, utilise une bactérie vivante (mycobacterium bovis , bactérie proche de la bactérie humaine, mycobacterium hominis ou bacille de Koch, à la virulence considérablement atténuée par cultures successives sur fragments de pomme de terre). Après 320 000 vaccinations de 1924 à 31 sans effet secondaire en France, ce vaccin par le Bacille de Calmette et Guérin (BCG) est introduit en 1930 à Lübeck en Allemagne où on rapporte en 2 ans 77 décès chez les 256 enfants vaccinés ! Le procès retentissant qui suit, apporte la lumière : le BCG administré à Lûbeck avait été souillé par du bacille de Koch. Depuis, les contrôles de qualité préviennent définitivement de tels risques ! Malgré sa réhabilitation, la réputation du BCG en sera définitivement ternie :les certificats de complaisance de contre-indication du BCG seront habituels jusque dans les années 70 ! L’inoculation par voie dermique du BCG contre-indique de manière temporaire son injection en cas de dermatose étendue –et donc d’eczéma atopique- , comme c’était le cas pour la vaccination antivariolique qui a été abandonnée dans la fin des années 70 après l’éradication de cette maladie). Comment ne pas éviter l’amalgame ! Nombreux sont ceux qui ont imputé à la vaccination par le BCG, mais aussi aux autres vaccins -dont l’obligation récente est concomitante de l’augmentation de la fréquence de l’allergie- l a responsabilité de cette augmentation de fréquence.
Les études épidémiologiques récentes fondées sur des critères scientifiques et statistiques précis répondent à la question
Lesenfants atopiques se comportent-ils différemment vis à vis des vaccins ?
Les nourrissons atopiques ont vis à vis des vaccins contre la diphtérie le tétanos et la coqueluche des réponses (appréciées par les taux d’anticorps sanguins) initiales plus lentes et moins intenses que celle des nourrissons non atopiques, mais le rappel ensuite permet une réponse d’excellente qualité, avec une protection équivalente.
Des études prospectives sur des grands nombres d’enfants ont montré que le vaccin contre la coqueluche, bien qu’il entraîne chez l’enfant atopique ou non une augmentation des IgE (anticorps de l’allergie) transitoire, ne provoque pas la survenue de positivité nouvelle des tests cutanés d’allergie ou d’IgE dirigées contre les pneumallergènes, et aucune majoration du risque allergique . Il en est de même chez l’adulte. L’innocuité en matière d’allergie et d’asthme est bien établie : une cohorte de 167 240 enfants suivis entre 18 mois et 6 ans n’a montré aucun lien entre la vaccination Diphtérie-Tétanos-Coqueluche-Polio (DTCP) et la survenue d’asthme et d’allergie. Au contraire, dans une étude de 2003 sur un millier d’enfants suivis jusqu’à l’âge de 5 ans, le risque allergique décroît avec le nombre d’injections qui on été réalisées. Enfin, l’étude ISAAC (cf idée reçue ) montre que les disparités entre les nations en terme de prévalence d’asthme et d’allergie ne s’expliquent pas par les différences de couvertures vaccinales ; il sem ble même que la vaccination DTCP pratiquée dans la petite enfance, diminue à l’adolescence le risque d’asthme et de rhino-conjonctivite.
LeBCG fait souvent figure d’accusé !
Nombreuses ont donc été les études prospectives récentes (depuis 2000) afin d’apprécier si cette idée reçue avait un fondement réel. Elles prouvent toutes que non seulement le BCG fait en période néonatale n’augmente pas le risque allergique chez des enfants suivis jusqu’à l’adolescence, mais qu’au contraire qu’il pourrait même le diminuer lorsque ces enfants sont issus de mères allergiques ! Ces résultats confortent la théorie « hygiéniste », et réhabilitent pleinement le BCG qui avant l’avènement des antibiotiques, a contribué, même si il est imparfait (il n’à d’ailleurs à ce jour n’a pas encore de remplaçant), à réduire l’ampleur de la tuberculose! Qui oserait, de nos jours, rejeter un vaccin contre le SIDA, qui ne serait que partiellement efficace ?
Le vaccin anti-grippal provoque descrises d’asthme
Non, plusieurs études montrent son innocuité. L’une d’entre elles (2001) est particulièrement instructive : 2032 asthmatiques de 3 à 64 ans ont reçu successivement placebo puis vaccin anti-grippal (ou inversement) : le taux d’exacerbation d’asthme dans les 15 jours suivant l’injection a été respectivement de 28.8% (vaccin) et 27.7% (placebo) et ceci quelque soit l’âge du sujet, et la sévérité de l’asthme La seule « pierre dans le jardin du vaccin » , est un taux un peu plus important de douleurs (musculaires et articulaires) 25.1% contre 20.8%. Quand on songe à l’agressivité de ce virus sur des bronches saines, responsable parfois de toux prolongées, comment refuser de ne pas protéger celles de l’asthmatique ?
Les vaccins sont-ils dangereux ?
Certaines injections provoquent parfois des réactions allergiques d’urticaire : les causes les plus fréquentes sont 1) la présence de trace d’œuf sur certains vaccins constitués de virus vivants atténués qui ont été produits par culture de ces virus sur des milieux contenant de l’œuf (essentiellement le vaccin anti-amaril contre la fièvre jaune, mais aussi parfois les vaccins contre la grippe, ou contre les viroses de l’enfant : rubéole-rougeole-oreillons) 2) La gélatine : les contacts avec celle-ci, qu’elle soit bovine ou provienne des poissons, sont très fréquents au travers de l’alimentation. Une prédisposition génétique rare peut entraîner une sensibilisation à la gélatine. L’ administration intra-rectale de suppositoires, peut de manière exceptionnelle provoquer des réactions allergiques à la gélatine. On en rajoute à certains vaccins afin d’améliorer leur conservation : leur injection peut alors provoquer des réactions allergiques 3) de très rares réactions allergiques à l’anatoxine tétanique (toxine modifiée pour n’être plus dangereuse) qui constitue ce vaccin. Les allergiques à l’œuf ou la gélatine peuvent dans la grande majorité des cas être vaccinés sans réaction avec les vaccins à virus atténués.
Le BCG malgré sa réputation est bien toléré : une campagne récente de 2850 vaccination au Brézil n’a provoqué qu’une seule réaction !
On l’oublie facilement de nos jours, la vaccination a considérablement modifié le visage des maladies infectieuses, permettant même d’éradiquer certaines maladies. Pour les maladies transmissibles, la vaccination de l’ensemble de la population, protége aussi ceux pour qui elle est contre-indiquée. Elle est de ce fait une obligation pour le personnel de santé dont les rapports, avec une population souvent fragilisée, sont étroits. Cette obligation morale concerne pareillement l’ensemble de la population dont le comportement devrait, à cet égard, être civique, et non « égoïste », car une telle protection implique que le plus grand nombre soit vacciné. La « grippe espagnole » de 1918-1919 n’a-t-elle pas fait plus de vingt millions de victimes, et donc plus que la guerre elle même !
Quoiqu’il en soit, asthme et allergie ne représentent qu’exceptionnellement une contre-indication à la vaccination ! Auteur : Jean Luc MENARDO
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Mai 2017
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