Pour beaucoup c‘est un lieu commun , l’urticaire est , évidemment et systématiquement due à une allergie alimentaire, ou médicamenteuse ! Lucretius en 100 avant notre ère, l’avait déjà envisagé. Cette affection cutanée inconfortable « exige » -c’est une idée reçue- une consultation allergologique. L’entourage, et souvent même le médecin de famille ou le pédiatre en ont l’intime conviction ! On décrit alors avec minutie à l’allergologue les différents aliments et/ou qui ont pu être ingérés et/ou administrés parfois depuis plusieurs jours ! Les recherches que celui-ci entreprendra demeureront le plus souvent vaines, car l’origine allergique d’une urticaire est difficile à démontrer, et lorsqu’elle l’est, le sujet en apporte lui même la preuve : l’allergologue agira alors essentiellement en conseiller et thérapeute.
L’oedème de Quincke est en réalité de l’urticaire !
L’éruption urticarienne est caractéristique par sa ressemblance avec celle de la piqûre d’ortie, constituée de « papules » à la surface de la peau, accompagnée de démangeaisons intenses, et par sa fugacité (quelques minutes à quelques heures). Ces papules surviennent fréquemment ensuite dans d’autres zones cutanées et ce caractère erratique est très évocateur. Il s’y associe parfois des céphalées et des douleurs articulaires. Les lésions cutanées disparaissent en général en quelques jours : c’est l’urticaire aiguë. Parfois les poussées d’urticaire se répètent plusieurs semaines, ou mois; au delà de six semaines, on parle d’une urticaire chronique.
L’angio-œdème ou œdème de Quincke est aussi une urticaire - coexistant bien souvent avec l’éruption précédemment décrite- , mais dont les lésions intéressent des zones plus profondes de la peau (hypoderme), et parfois les muqueuses : il s’agit d’un œdème sans prurit, mais sensation de tension affectant principalement la face (lèvres, paupières, langue) la région génitale, et les extrémités (mains notamment). Parfois survient un œdème laryngé avec difficulté respiratoire qui confère à cette forme déjà remarquable par l’aspect physique qu’elle peut générer, un potentiel de dangerosité et justifie l’auréole de crainte qui entoure son diagnostic. Plus rarement peut, s’associer un choc anaphylactique. Exceptionnellement il s’agit d’une forme héréditaire, due à une anomalie des protéines de l’inflammation.
L’urticaire aiguë d’origine alimentaire ou médicamenteuse :
Certains aliments sont connus pour être responsables d’urticaire, comme les fruits rouges, le chocolat, les poissons bleus, les charcuteries. Ces aliments déterminent de « fausses allergies alimentaires » : ce qui signifie que leurs symptômes ne sont pas dus à des mécanismes d’allergie par sensibilisation avec production d’IgE, mais par leur grande richesse en tyramine et/ou en histamine (en particulier si l’ingestion est importante et parfois plusieurs de ces différents aliments au cours du même repas). Cette distinction est d’importance car elle explique 1) que la survenue des symptômes et leur intensité soient liées à la quantité ingérée qui doit être importante. En corollaire, ces urticaires sont exceptionnellement accompagnées d’œdème laryngé et/ou de choc. Un apport faible voire raisonnable permet de résoudre bien souvent l’urticaire. 2) que les tests cutanés et sanguins d’allergie soient négatifs, malgré la responsabilité réelle de ces aliments.
La situation est bien différente dans le cas des « allergies alimentaires » 1) des quantités parfois infimes d’aliments allergisants suffisent à provoquer une urticaire généralisée, mais heureusement dans la majorité des cas moins intense. Cette soudaineté dans les minutes voire secondes qui suivent l’ingestion amène le patient lui même à comprendre la relation avec la prise alimentaire : il (ou son entourage) fait lui même le diagnostic ! Certains aliments sont réputés pour la sévérité potentielle de leurs réactions : cacahuète (arachide), kiwi, œuf, poissons, crustacés. Chez certains sujets exceptionnellement sensibles, des traces de ces aliments (simple utilisation d’ustensiles de cuisines, de couverts ou récipients qui ont eu un contact avec cet aliment, voire même seule inhalation de leur odeur) peuvent alors entraîner des réactions intenses Parfois un exercice physique associé à la prise d’un aliment habituellement toléré, favorise l’urticaire (danser après avoir ingéré des cacahuètes par exemple). L’éviction du coupable est donc indispensable et doit dans certains cas être très stricte. Elle n’est cependant pas définitive : pour la cacahuète par exemple, on a pu démontrer que 50% des enfants à tests fortement positifs voient spontanément dans les années suivantes disparaître ces réactions ; quant au lait de vache par exemple, la très grande majorité des enfants qui lui sont allergiques, le tolèrent après 3 ans 2) les tests d’allergie confirment alors le diagnostic, mais ont aussi le mérite de permettre de rechercher d’autres aliments éventuellement responsables.
Enfin de nombreux colorants, conservateurs alimentaires ( acide salicylique, si proche de l’acide acétyl-salicylique autrement dit « aspirine », sels d’acide benzoïque, colorants notamment la tartrazine ou E 102…) provoquent aussi chez certains sujets prédisposés de l’urticaire. Il ne s’agit pas de réaction allergique classique (il n’y a pas d’anticorps de l’allergie : tests cutanés et dosages biologiques sont là sans intérêt, le diagnostic étant prouvé par un tests d’ingestion de ces produits à doses progressivement croissante sous surveillance médicale spécialisée à l’hôpital). Comme pour les « fausses allergies » la survenue des symptômes et leur intensité sont liées à la quantité ingérée.
Les poussées d’urticaire aiguë surviennent en réalité le plus fréquemment à l’occasion de viroses inapparentes car elles ne sont pas nécessairement bruyantes comme une grippe, et se limitent bien souvent à un banal « rhume » avec état sub-fébrile à 37°5-38°, mais il est bien difficile en pratique de prouver une telle responsabilité.
Or, à l’occasion de ces infections banales, on a prescrit des médicaments divers pour lesquels on doit à juste titre interdire la prescription ultérieure. L’allergie médicamenteuse est alors justement évoquée, nécessitant une consultation spécialisée d’allergie médicamenteuse : celle ci peut donner des réactions allergiques sévères, notamment certains antibiotiques. Ces situations imposent des certitudes, car dans le doute, les médecins ne peuvent plus, même en cas de réelle nécessité, prescrire ces médicaments.
L’urticaire chronique est rarement d’origine allergique :
Des causes « physiques » doivent être évoquées :
La cause de l’urticaire chronique est une inflammation Parfois localisée avec des infections locales mineures chronicisées et inapparentes (petit foyer dentaire ou sinusien, prostatite chronique, vaginite infections, urin aires récidivantes, inflammation de la vésicule biliaire, parasitose digestive…), sa guérison permet alors celle de l’urticaire. L’inflammation peut être généralisée, lors de viroses « traînantes » comme certaines hépatites notamment B, voire le SIDA, mais aussi lors de rhumatismes inflammatoires (polyarthrite chronique par exemple), de maladies de la thyroïde…
Une participation psychologique est souvent impliquée dans certaines urticaires.
L’allergie alimentaire - y compris les pseudo-allergies alimentaires- représenteraient dans les différentes études réalisées, moins de 25% des causes d’urticaire, et concerne essentiellement les enfants!
En pratique, dans l’état actuel de nos possibilités diagnostiques, dans la plus de la moitié des cas, aucune cause n’est trouvée. Les études réalisées actuellement permettent cependant d’impliquer les cellules de l’allergie, mais par un phénomène différent de celui de la réaction allergique : cela explique d’ailleurs que, bien que sans réelle réaction allergique, les anti-histaminiques soient efficaces dans l’urticaire. Auteur : Jean Luc MENARDO
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Avril 2013
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