les études récentes ont montré que 10 à 20% de la population sur le globe avait des manifestations d'allergie, et environ 30% des individus peuvent avoir des tests d'allergie positifs! Quand donc penser à la responsabilité de l'allergie? Unpeu d’histoire :
Depuis les antiquités égyptienne, sumérienne, chinoise... ont été décrites des maladies dont la nature allergique peut être envisagée ; les traitements d’herboristerie (belladone, éphédrine par exemple) qui étaient alors dispensés rappellent ceux que nous pouvons prescrire actuellement dans de telles indications.
En 1705 le Docteur Desbret, Conseiller du Roi, Docteur en Médecine de l'Université Royale de Montpellier rapporta l'observation d'un apiculteur de 30 ans, qui mourut subitement après une piqûre de guêpe dans son jardin d'un choc que l’on ne dénommait pas encore « anaphylactique »
En 1873, Blackley qui notait un lien entre la réaction cutanée aux pollens de graminées, l'asthme et le rhume des foins, évoqua un lien entre la réponse immunitaire de défense de l'individu et ces manifestations. Il était cependant difficile à l'époque d'imaginer que le système immunitaire dont le rôle est de protéger, pouvait provoquer de telles réactions néfastes.
En 1902, deux chercheurs français, Richet et Portier, recherchant chez l’animal, un moyen de prévenir les effets du venin de méduse, ont tué le pauvre chien Neptune qu’ils voulaient immuniser. Au moment de dénommer leur observation, ils en appellent au grec (ana, contraire et phulaxos protection), mais ne savent pas expliquer le mécanisme de leur observation, hormis le fait qu’il ne s’agit pas d’un effet-poison du venin, mais d’un effet-contacts répétés. Après eux, il faudra attendre 66 ans pour identifier l’agent responsable de ce choc, une immunoglobul ine du sérum (IgE) présente à l’état normal en quantité infinitésimale, et accrue chez l’allergique.
L'existence d' une relation entre les anticorps "anaphylactiques" et le rhume des foins (1906: Wolff-Eisener) puis l'asthme (1910: Meltzer) a été ensuite démontrée. En 1911, Noon et Freeman publiaient leurs premiers résultats sur la désensibilisation
Le terme "allergie" a été inventé en 1906 par von Pirquet pour décrire une réactivité différente (allos autre, ergon réaction)
Le terme "atopie" ( du greca : sans ettopos : lieu) a été employé au début pour décrire un état de maladie étrange, et en 1916, Cooke dans sa classification des maladies allergiques, insistait sur son caractère inné, héréditaire.
Il faut rappeler que l’ « allergie » est un mécanisme de défense normal de tout individu, qui réagit par des cellules (lymphocytes surtout) et des anticorps (immunoglobulines A, G, M) contre les éléments de son environnement (non-soi) qui menacent son intégrité (soi). Le mot est passé du langage scientifique dans le langage commun pour désigner en réalité une hyperergie, une réaction excessive, contre les éléments environnementaux a priori non dangereux (chat, pollens, cacahuètes…) par le biais d’anticorps (immunoglobuline E), destiné à la lutte contre les parasites.
L'"atopie" définit de nos jours une prédisposition héréditaire de certains individus à produire des anticorps sensibilisants dits de l'allergie (IgE) contre des petites quantités d’allergènes communs de l'environnement (dans l'air: pollens, acariens de la poussière de maison, spores de moisissures..., ou le s aliments voire de médicaments ou du travail.
L’atopie :
a) La sensibilisation allergique L’ atopique, si il a un contact régulier et prolongé avec les allergènes auxquels il peut se sensibiliser, produit alors, et de manière spécifique, des IgE vis à vis de ces allergènes, qui sont des protéines et donc quasiment exclusivement issues du "monde vivant": aliments, pollens de fleurs, sécrétions d’animaux, acariens, moisissures, venins d’insectes piqueurs... . b) la réaction allergique Ces IgE fixées sur certaines cellules des muqueuses (nez, oeil, bouche, bronches) en font de véritables "grenades" prêtes à libérer instantanément (en quelques minutes) des substances très inflammatoires ( histamine leucotriènes…) lors de chaque contact de ces muqueuses avec l'allergène de l'environnement auquel le sujet s'est préalablement sensibilisé.
La réaction allergique est un phénomène qui intéresse le sujet jeune : elle peut se manifester dès les premières semaines de vie vis à vis des aliments, puis se constituent progressivement des sensibilisations allergiques aux pneumallergènes au gré des contacts. En moyenne, et si l’environnement ne se modifie pas (adoption d’un animal, exposition professionnelle, changement d’habitat et notamment de région…) ces sensibilisations arrivent à un « plateau » qui se maintient jusque vers 45 ans, âge auquel les symptômes dus à l’allergie -rhinite et conjonctivite essentiellement, car l’asthme, en raison du vieillissement bronchique s’accentue même parfois- évoluent spontanément vers la décroissance: bref, il ne faut pas en général admettre pour des symptômes qui débutent après la cinquantaine (à moins qu’il n’y ait eu une histoire évocat rice quinze, vingt ans ou plus auparavant), le diagnostic d’allergie, pourtant si souvent posé sans discernement mais avec certitude !
Lesmanifestations de la réaction allergique :
On trouve les cellules de l’allergie dans tous les organes en contact avec l’extérieur : peau, muqueuses oculaire, digestives, pharyngée, trachéo-bronchique.
L’allergie est donc une réponse inflammatoire à l’environnement dont les caractéristiques sont · la soudaineté, voire même le caractère explosif immédiatement après le contact avec l’allergène · la faible durée habituelle si l’exposition est ponctuelle, mais prolongée si l’exposition est durable, la symptomatologie étant de ce fait moins brutale et moins évocatrice.
Chez l’enfant la peau est le 1 « organe cible » de l’allergie avec l’eczéma, rapidement suivi par l’asthme, puis vers 5-6 ans, la rhinite voire la conjonctivite (fig 1).
Au niveau de l’œil et du nez, les symptômes peuvent être très évocateurs : 1) l’œil : ils doivent tout d’abord intéresser les deux yeux, car la réaction allergique ne peut être unilatérale, excepté lorsque l’allergène est déposé sur l’œil (en le frottant après avoir touché un chat par exemple…) a) ceux qui évoquent : démangeaisons, rougeur (érythème), larmoiement b) ceux qui n’évoquent pas : sécheresse, larmoiement unilatéral 2) le nez a) ceux qui évoquent : les démangeaisons qui conduisent à se frotter le nez parfois furieusement (« c’est un tic » dit-on en général) siégeant aussi souvent sur le palais et parfois dans les oreilles, les éternuements dits « en salves », c’est à dire répétés plusieurs fois à la suite, l’écoulement de sécrétions fluides « aqueuses ». b) ceux qui n’évoquent pas nécessairement : l’obstruction nasale parfois accompagnée de ronflements , de perte d’odorat (anosmie) ou du goût (agueusie) qui traduisent une cause locale (déviation de la cloison par exemple) et/ou une inflammation dont l’intensité requiert en général d’autres mécanismes que la seule allergie respiratoire
Pour la trachée et les bronches, on a coutume de parler de « toux allergique » lorsque celle-ci est « sèche », c’est à dire sans sécrétions, ou affirmer l’allergie parce qu’il y a de l’asthme : lesautres causes de toux sont nombreuses comme celles de l’asthme, quant à la toux allergique, elle peut être grasse (cf fiche "TOUX") De même pour le tube digestif et la peau, on évoque souvent trop facilement la responsabilité de l’allergie : le diagnostic requiert un interrogatoire précis qualifié parfois de « policier » et des tests adaptés, et ne peut se satisfaire d’une affirmation précipitée au terme d’une consultation rapide !
L’allergie de contact
Enfin, en dermatologie, une réponse excessive survient chez certains sujets au contact de produits "chimiques" (colorants, parfums, métaux : nickel des bijoux de fantaisie...), à l’origine de l'eczéma de contact qui comme son nom l’indi que survient au niveau même du contact prolongé et répété de la peau avec ce produit chimique, que l’on appelle là encore un « allergène » ou « réactogène ». Le mécanisme est là différent et n’implique pas à la différence de l’eczéma atopique (habituellement du nourrisson) l'intervention d'anticorps IgE, mais des globules blancs appelés lymphocytes. Le maximum de cette réaction allergique de contact est ainsi noté après 72 heures. Le diagnostic ne peut être posé que par le test cutané de contact : le réactogène chimique est appliqué durant 48 heures, puis la « lecture » (réaction localisée d’eczéma) faite 48 heures plus tard. Allergies immédiate (atopique) et de contact surviennent souvent chez des individus différents : si cette dernière est possible chez l’enfant, elle est cependant plus rare dans cette période de la vie, et concerne essentiellement les adultes, voire les personnes âgées. Auteur : Jean Luc MENARDO
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Avril 2013
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